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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 21:46

Le père Noël et ses lutins étaient en train de réaliser les derniers préparatifs pour le grand départ. Comme chaque année, la nuit de Noël se devait d'être parfaite et aucun détail ne devait être négligé. Un des lutins, prénommé Témalin faisait l'inventaire:

-Alors, nous avons bien la hotte, les cadeaux sont prêts, le ménage du traineau a été fait, les rennes se sont bien entrainés et finissent leurs derniers exercices de vol.... Tout est bientôt prêt, s'exclama-t-il fièrement, en s'adressant au père Noël.

-C'est parfait, lui répondit le père Noël, nous allons maintenant vérifier la météo du soir de Noël, la carte du ciel et notre itinéraire, voyons un peu ça....

 

Soudain, une grosse alarme retentit. Elle provenait de chez la fée Falbula, qui était l'entraineuse des rennes.

-Alerte! S'écria le lutin Grocostaud, venu avertir le père Noël de ce qui se passait. Les rennes viennent d'avoir un accident!

 

Il lui expliqua alors ce qui était arrivé. Tout se déroulait à merveille, les rennes avaient accompli un décollage parfait, réalisé de magnifiques looping, effectué des exercices d'endurance sans être fatigués. La fée Falbula estimait que le troupeau était en pleine forme et qu'il serait fin prêts pour la nuit de Noël. Mais, soudain, le renne principal avait trébuché sur un nuage et s'était tordu la cheville. Tout le convoi se trouva déséquilibré. Les douze rennes, accrochés au traineau d'entrainement ne contrôlaient plus du tout leur trajectoire. Dans le ciel, on avait pu les voir voler dans tous les sens, tourner et virer, avant de s'écraser sur une grosse montagne de neige.

 

Le père Noël et ses lutins se précipitèrent vers les lieux de l'accident. De loin, on pouvait entendre les rennes qui gémissaient de douleur. Mademoiselle Falbula, fut la première arrivée à la montagne de neige pour constater les dégâts, suivie du lutin Géosoignetout, le médecin du village du père Noël.

 

Il examina l'état des rennes et dressa un bilan des dégâts: cheville foulée, tibia cassé, torticolis, tour de rein, œil au beurre noir... Aucun renne n'avait été épargné.

-Il va leur falloir des soins et du repos, expliqua-il au père Noël lors de son arrivée. Je vais les installer dans l'étable et enverrai mes meilleurs infirmières à leur chevet. Malheureusement, ils ne pourront pas être sur pieds avant deux mois.

- Deux mois? S'écria la fée Falbula, mais ce n'est pas possible! Noël est dans une semaine.

-Bah, s'exclama un lutin, prénommé Trèronchon qui se trouvait là, on aura qu'à distribuer les cadeaux de Noël pour pâques, ça changera un peu. Les enfants ont pris de mauvaises habitudes: toujours recevoir des cadeaux pour Noël, on pourrait changer pour une fois.

 

Le père Noël et la fée Falbula étaient bien décidés à trouver une solution. Les cadeaux seraient distribués à Noël quoi qu'il arrive. Ils décidèrent de demander de l'aide. Ils convoquèrent les marmottes, les hiboux, les écureuils et les fées de la forêt. Chacun d'entre eux serait chargé de distribuer un message aux amis qu'ils avaient dans le monde entier leur expliquant la situation.

 

La réponse ne tarda pas à venir. Des délégations entières se déplacèrent pour les aider.

Il y avait des magiciens d'Afrique, tout de paille et de feuilles vêtus, des sorcières d'Irlande chevauchant leur balai aspirateur dernier cri, des acuponcteurs chinois, des trolls de Norvège, des vieux sages indiens, des scientifiques d'Amérique, des médecins scandinaves, des fakirs égyptiens...

 

Tous voulaient sauver Noël et aider le père Noël à faire sa tournée de cadeaux.

Chacun d'entre eux alla rendre visite aux rennes, pour leur apporter des soins complémentaires et vérifier leur état de santé. Malheureusement, aucun guérisseur ni magicien ne peut les remettre totalement sur pieds. Les rennes devaient se reposer, quoi qu'il arrive.

 

Les amis du père Noël décidèrent, alors, de se réunir en une grande assemblée. Un feu fut dressé sur la place du village. Tous s'y retrouvèrent, en compagnie du père Noël, pour trouver une solution...

 

- Et si on tractait le traineau avec nos balais magiques, proposa une sorcières irlandaise. Le modèle que nous utilisons actuellement est d'une rapidité étonnante....

-C'est vrai, dit une autre sorcière, mais ils ne sont pas fait pour trainer de lourdes charges et le père Noël n'ira pas assez vite...

- Moi, je propose de transporter le traineau du père Noël sur mon tapis volant, dit un fakir d'Égypte.

-Moi, je pense qu'il serait mieux d'équiper le traineau avec des réacteurs à hyperpropulsion et un pilote automatique, dit un scientifique américain.

-Moi je suggère de confier les cadeaux à tous les trolls du monde et ils iront les déposer aux enfants, dit un troll de Norvège.

Les idées ne manquaient pas, chacun en allait de sa proposition, trouvant qu'elle était meilleure que celle des autres. Au lieu de venir en aide au père Noël, ses amis se mirent vite à se battre comme des chiffonniers. Le chaos s'installa dans le village du père Noël, des disputes terribles éclatèrent.

Dépité, le père Noël se replia dans sa cabane.

-Je crois qu'il n'y aura pas de Noël cette année, dit-il à la mère Noël en soupirant. Pourtant j'aurai tout essayé.

Il prit un bon repas, se réchauffa au coin du feu et alla se coucher. Cette nuit là, il rêva de la montagne de neige où ses rennes s'étaient écrasé. Il rêva que ses rennes l'appelaient au secours, il rêva que les enfants pleuraient parce qu'ils n'avaient pas reçu leurs cadeaux de Noël, il rêva que le monde entier était triste parce qu'il n'avait pas pu leur livrer de la joie et du bonheur, comme chaque année.

 

A son réveil, le soleil brillait. Un rayon de soleil vint lui chatouiller le nez. En ouvrant les yeux, le père Noël se demanda si tout cela n'avait pas tout simplement été un cauchemars et si ses rennes étaient réellement blessés. Il se dirigea vers l'étable pour aller leur rendre visite. Malheureusement, il put constater qu'ils étaient tous là, des plâtres et des bandages aux pattes, des pansements et des compresses sur le corps.

-Leur état s'améliore, lui dit une lutine infirmière, ils se reposent et seront sur pieds comme prévu.

 

Quittant l'étable des rennes, le père Noël se demanda ce qu'il ferait cette année pour Noël. Il ne pourrait pas distribuer de cadeaux aux enfants, alors que faire...

-Peut être que je pourrai aller à la piscine pour changer, se dit-il.

 

C'est alors qu'il arriva sur la place du village. Là, il aperçut tous ses amis du monde entier qui l'attendaient. Non, il n'y avait plus de disputes ni de colère, ils avaient décidé de se mettre d'accord pour trouver une solution. Le père Noël les regarda, ému.

-Nous avons apporté quelques modifications à votre traineau, expliqua un vieux sage indien.

Effectivement, le traineau était particulièrement méconnaissable. Il était équipé de la technologie dernier cri, on avait rajouté des réacteurs à hyperpropulsion et des jantes chromées.

- de quoi rendre votre traineau aérodynamique, lui dirent les chercheurs américains.

En observant de plus près, il vit que son traineau était attaché sur un tapis volant

-de quoi faire voler votre traineau d'une manière douce et confortable, dit le fakir d'Égypte.

 

Les surprises se succédèrent: les sorcières seraient attachées au traineau du père Noël et le tracteraient, elles seraient chargées du maintien de la bonne trajectoire. Des magiciens d'Afrique avaient jeté un sort pour rendre le traineau plus léger, les trolls s'étaient chargés de réaliser l'assemblage des nouveaux équipements du traineau et de ses améliorations esthétiques.

 

Le père Noël, entendant cette nouvelle, avait les larmes aux yeux tellement il était heureux. Jusqu'à présent, il avait toujours livré ses cadeaux tout seul et personne n'avait jamais proposé de l'aider. Croyez moi, ce n'est pas facile d'être père Noël, parcourir le monde entier en une seule nuit n'est pas si simple. Il faut se dépêcher pour tout distribuer, c'est fatiguant. Mais cette année, ce serait différent, ses amis du monde entier étaient là pour l'aider. Ils lui témoignaient à quel point il était important pour eux et l'encourageaient à poursuivre son travail malgré les difficultés. Il était fier et heureux.

 

- Nous avons décidé de faire partager notre joie d'avoir travaillé tous ensemble et avons rajouté des cadeaux supplémentaires dans ta hotte, père Noël, dit une fée des neiges. Chacun d'entre nous a préparé quelque chose de spécial, à distribuer aux gens du monde entier.

 

Le père Noël inspecta sa hotte et sourit: il y avait de la confiture d'amour pour le monde, de la poudre de rêves joyeux, des cookies de paix et de sérénité, des fleurs de sourire, des nuages de fraternité, des bouteilles de jus de feu d'artifice, des chocolats aux éclats de rire.

Ainsi, cette année, les gens recevraient quelque chose de plus, un cadeau spécial, en souvenir de ses amis qui avaient réussi à se réconcilier alors qu'il croyait que tout était perdu.

 

Le père Noël monta dans son traineau, attacha sa ceinture. Le moteur vrombit, les sorcières s'élancèrent dans le ciel, le traineau décolla peu après. Le tapis volant, attaché sous le traineau, laissait derrière lui, des milliers d'étincelles de poussière magique de toutes les couleurs.

 

-youpiii, s'écria une des sorcières, c'est mon premier Noël en tant que guide du père Noël, cela va être extraordinaire...

 

Le traineau disparut bien vite dans le ciel, on ne pouvait désormais plus apercevoir qu'une pluie d'étoiles filantes, témoignant de son passage tout là haut.

 

Il est en route pour venir vous voir; Alors surveillez bien votre sapin cette année, peut être aurez vous hérité d'un pot de confiture d'amour pour le monde ou d'une boite de chocolats aux éclats de rire? Qui sait?

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 14:51

 

Oeuvre collective crée par un groupe d'enfants dans le cadre d'une animation avec l'assocation des Petits Débrouillards Aquitaine,

au centre d'animation de Bastide Benauge à Bordeaux.


Plus d'infos ici: http://www.lespetitsdebrouillardsaquitaine.org/spip.php?article552

 

 

L’incroyable aventure de Limer et Patafix

 

Connaissez-vous l’histoire de Limer, la limace de mer? Elle est devenue célèbre dans tous les océans. On entend parler d’elle au recoin de chaque coquillage. Lorsqu’elle est revenue chez elle, elle était entourée d’un convoi d’étoiles de mer qui lançaient des feux d’artifices et était acclamée de tous. Savez vous ce qui s’est passé? Laissez moi vous le raconter.

 

Limer, la Limace de mer, était une limace comme les autres. Elle était belle et changeait de couleur en fonction de l’endroit où elle se posait. Elle vivait paisiblement dans sa maison champignon verte et bleue au pied du grand baobab. Elle était bibliothécaire et était toujours accompagnée de son fidèle assistant Patafix, le chat noir qui habitait dans le grand baobab d’à côté.

 

Tous les jours, Patafix et Limer se retrouvaient dans la bibliothèque au coeur du tronc du baobab pour faire la course à la lecture. Limer, enfilait son monocle pour lire et elle était la limace qui lisait le plus vite de tout l’océan. Mais Patafix, le chat ne se laissait pas faire et il gagnait la course de temps en temps.

 

Le jour où l’aventure de Limer et Patafix a commencé était le jour de la fête de la nageoire. Tous les habitants de leur village se paraient de somptueux vêtements et se retrouvaient en plongée sous la mer pour des danses endiablées au son des bigorneaux-cornemuses.

Limer était magnifique, elle portait de splendides boucles d’oreilles argentées, assorties à son mo­nocle qui brillaient de mille feux sous les rayons de soleil. Patafix quand a lui, avait frisé ses mous­taches et enfilé un costume cravate très seyant. Patafix et Limer dansèrent et dansèrent encore par­mi leurs amis les crabes, les méduses et les oursins. La fête de la nageoire était leur fête préférée.

 

Soudain, un courant marin se mit à secouer le fond des mers, tous les danseurs furent violemment projetés contre un rocher. Bien que tout le monde soit sain et sauf, le maire du village, monsieur l’éléphant de mer, sonna la cloche-anémone d’alarme, demandant à tous les habitants de rentrer chez eux.

- Il va surement y avoir une tempête sous marine, allez tous vous mettre à l’abri, cria-t-il.

Les habitants quittèrent bien vite la mer à grands coups de nageoires et de pattes palmées.

Mais Limer et Patafix, avaient décidé de rester danser un peu plus et de ne pas se presser. Comme le maire l’avait annoncé, le courant marin s’amplifia, une grosse bourrasque de courant s’abattit sur eux, les secoua violemment et les emporta loin du rivage, où ils essayaient désespérément de se rendre pour sortir de l’eau.

Patafix et Limer, se mirent ainsi à dériver sous la mer, emportés par ce courant déchainé. Ils en étaient prisonnier et ne pouvaient rien faire. Le courant les traina et les traina encore, ce voyage était interminable. Ils se serrèrent l’un contre l’autre et attendirent le calme, longtemps, bien longtemps...

 

Lorsque le courant s’apaisa, ils étaient loin de chez eux, impossible de reconnaître le milieu alentour. Regardant autour d’eux, la mer était calme, le fond de l’eau était couvert d’algues, de poissons aux milles couleurs et de rochers bleus. Se faufilant parmi les algues, ils découvrirent alors un bateau pi­rate échoué au fond de l’eau. Mais avant de l’explorer, ils décident de remonter à la surface reprendre leur souffle et observer les alentours.

A la surface, le ciel était d’un bleu azur, quelques mouettes virevoltaient par ci, par là. Le temps était calme. C’est alors, qu’un grand bateau noir, similaire à celui qui était échoué sous l’eau se mit à vo­guer en leur direction.

Chouette! Se dit limer. Allons demander notre chemin à ce bateau, peut-être nous dira-t-il comment rentrer chez nous?

Alors que le bateau s’approchait, Limer et Patafix aperçurent un drôle de personnage. Il était grand comme un ogre, de gros muscles saillants, un regard méchant, des dents acérées. Il était vêtu de noir, et portait une drôle de robe de soirée.

-Nous sommes perdus, cria Patafix, aidez nous.

 

Alors que l’ogre les apercevait, un rayon de soleil vint illuminer les boucles d’oreilles et le monocle de Limer qui se mirent à briller de tous leurs feux. L’ogre poussa un hurlement terrible de rage et ordonna

-Capturez les!!!

Des poissons en tous genres, cracheurs de boules vertes sortirent de l’eau et se lancèrent à la pour­suite de nos deux amis, qui se mirent à nager plus vite que jamais. Ils slalomaient entre les boules, passaient entre les algues et se cachèrent derrière un rocher. Ils furent vite rattrapés par une méduse qui avait mauvaise haleine et qui les immobilisa. Elle récupéra les boucles d’oreilles et le monocle de limer.

Mon maître n’aime pas les gens qui portent des objets qui brillent, vous serez sévèrement punis, leur dit-elle.

Alors que la méduse s’apprêtait à les ligoter avec des algues, Patafix sortit les griffes et lui bondit dessus. La méduse se retrouva un instant aplatie sur le sol, laissant libre champ à Limer et Patafix pour s’enfuir. Ils se réfugièrent dans l’épave qu’ils avaient déjà aperçu plus tôt. Dans l’épave, ils aper­çurent un coffre en bois et décidèrent de s’y cacher.

 

Les poissons cracheurs se mirent à sillonner l’eau pour trouver nos deux amis. Ils entrèrent dans l’épave, certains s’approchaient très près de leur cachette, mais Limer et Patafix ne furent pas décou­verts.

A travers les planches du coffre, Limer observa la méduse s’enfuir avec ses bijoux et son monocle. Cette dernière rejoignit le navire de l’ogre, qui ne tarda pas à s’en aller, suivi par tous les odieux pois­sons.

-Ouf! Se dit Limer, nous sommes sauvés.

Observant autour d’elle dans ce coffre, limer découvrit un drôle de papier. Elle le montra à Patafix.

-C’est une carte aux trésors, s’écria-t-il.

Ils décidèrent de la garder et de poursuivre leur voyage au fond des mers.

Limer et Patafix se mirent alors à nager pour rejoindre la surface.

 

À peine le nez dehors, un grand oiseau majestueux se posa sur l’eau. Il était beau, tout doré avec des plumes aux couleurs de l’arc en ciel. Limer et Patafix étaient émerveillés.

Je suis l’oiseau légendaire, leur dit-il. Vous venez de découvrir l’épave du pirate Noirbrilleur. Cela fait longtemps que des étrangers ne sont pas venus par ici. Soyez les bienvenus. L’ogre que vous avez aperçu n’était autre que son petit fils, Sombrillance. Depuis des décennies, Sombrillance tue et vole toutes les personnes qui portent des objets qui brillent. Cela cause de grands dégâts dans la région.

Il m’a volé mes bijoux et mon monocle, lui dit Limer. J’aimerais le retrouver et récupérer mes bijoux.

Il habite sur une île mystérieuse, près d’ici, mais depuis la disparition du pirate Noirbrilleur, seul sa famille connaît son emplacement.

 

Patafix, montra alors à l’oiseau mystérieux la carte qu’ils avaient trouvé dans l’épave.

Très intéressante, dit l’oiseau mystérieux. On dirait justement le chemin qui mène à cette île. Voilà donc comment vous y rendre. Soyez prudents mes amis. Je suis un oiseau sacré, mes plumes sont magiques. Prenez en une, elle vous protégera des malheurs sur votre chemin.

Patafix attrapa la plume de l’oiseau légendaire qui aussitôt disparut.

 

Il faut nager tout droit face au soleil, dit Patafix.

C’est ainsi que Limer et Patafix se mirent en route vers l’île du méchant ogre Sombrillance. On dit qu’en chemin ils rencontrèrent d’autres embûches, poissons cracheurs de boules vertes, tempêtes mais comme ils étaient très courageux et aidés de la plume magique. Ils traversèrent ces difficultés sans problème.

 

Après plusieurs jours de long voyage, les voilà enfin arrivés sur une île. A peine arrivés, ils furent ébahis par le spectacle de ce paysage. Les arbres étaient étranges avec des formes biscornues, cer­tains flottaient dans le ciel. Au milieu de l’île, une étrange cascade, avec de l’eau qui monte au lieu de descendre. Limer et Patafix n’en croyaient pas leurs yeux.

-Allons explorer, dit Patafix.

Nos deux compères allèrent donc à la découverte de cette île mystérieuse et non moins étrange. Ils n’avaient jamais vu ça. Autour d’eux des animaux qui n’existent nulle part ailleurs: des poissons volants avec de grandes dents, des écureuils verts, des kangourous avec de la laine comme des moutons, des dinosaures aussi... Mais toujours pas de trace du méchant ogre, l’île était calme et merveilleuse. Au fil de leur avancée, Limer et Patafix se rapprochaient peu à peu de la cascade qu’ils avaient aperçu en arrivant.

 

Près de la cascade, ils tombèrent soudain nez à nez avec un drôle de personnage. Il était vêtu de gris, était tout poilu et ressemblait étrangement à l’ogre Sombrillance. La seule différence était qu’il était plus petit, plus vieux et avait des poils blancs. Il n’avait pas l’air méchant, mais il était un peu perturbé. Il sautait partout en éclatant de rire. Il n’aperçut pas tout de suite Limer et Patafix qui s’étaient réfugiés prudemment derrière un arbre. Lorsqu’il le vit, le fou blanc bondit dans leur direc­tion.

-Vous ne passerez pas, vous ne passerez pas, leur dit-il en éclatant de rire, en faisant trois pirouettes et en leur tournant autour. Ici c’est le territoire du maléfique Sombrillance. Toute personne qui fran­chit la cascade se fait capturer et transformer en esclaves voleurs d’objets brillants. Vous ne passerez pas,vous ne passerez pas...

 

Et le fou se mit à rire de plus belle, encore et encore. Si bien que Limer et Patafix, n’y tenant plus se mirent à rire eux aussi. Un fou rire collectif s’ensuivit, ils rirent et ils rirent et ils rirent encore. C’était comme un mauvais maléfice, plus rien ne pouvait les arrêter. Ils étaient piégés dans cette spirale de rire infernal.

 

Patafix eut l’idée d’empoigner la plume de l’oiseau sacré et de l’agiter. Aussitôt, le fou rire s’arrêta. Le fou blanc redevint sérieux, Limer et Patafix étaient libérés de ce mauvais sort.

Le fou, blanc, qui n’était plus fou du tout désormais, grâce à la magie de la plume de l’oiseau s’adres­sa à eux.

-Je suis Blancterne, le père de Sombrillance. Notre fils est devenu le maître de ces lieux et terro­rise tous les habitants. Lorsqu’il était enfant, il était très gentil. Un adorable petit ogre qui ne faisait de mal à personne. Mais à l’école, personne ne le remarquait, il était bien trop timide. Alors, Som­brillance s’est habillé en fille et a porté des objets brillants. Il voulait qu’on le remarque enfin. Les autres enfants de l’île se sont tellement moqués de lui, que notre fils est devenu fou de rage. Depuis, il terrorise cette île et tous les environs. Il capture tous ceux qui portent des objets brillants, il en fait ses esclaves ou il les tue. Je suis devenu fou de douleur et je suis resté là, à pleurer de rire, c’était ma malédiction et vous m’avez libéré. Il a emprisonné ma femme derrière la cascade, je ne l’ai pas vue depuis des années. Sombrillance a caché la clé de sa cellule en haut de la cascade. Si vous la libérez, elle pourra peut être sauver cette île. C’était une gentille sorcière très puissante.

 

Limer et Patafix remercièrent Blancterne et décidèrent donc de se rapprocher de la cascade.

-Attention, dit limer, Blancterne nous a dit qu’on pouvait se faire capturer ici. Utilisons encore la plume magique pour nous protéger.

Croyez-moi si vous voulez, mais aussitôt la plume agitée, Limer et Patafix se retrouvèrent habillés d’une cape et se mirent à voler. C’est ainsi qu’ils montèrent en haut de la cascade et récupérèrent la clé.

Derrière la cascade se trouvait une grosse cellule. Gardée par des dinosaures à l’air féroce. Mais, en utilisant la plume magique, ils se transformèrent en statue.

 

Limer et Patafix utilisèrent la clé et la porte s’ouvrit. Derrière cette porte, c’était toute une maison qu’ils découvrirent. Une maison avec des fenêtres à barreaux. Dans cette maison, une petite mamie ogre avec de grosses lunettes et une robe à carreaux se trouvait assise sur un gros fauteuil tronc d’arbre.

-Je vous attendais, dit elle en réajustant ses lunettes. J’ai vu votre arrivée dans ma boule de cristal. Je suis la mère de Sombrillance. Il m’a enfermé ici parce que je portais des boucles d’oreilles qui brillaient. Il n’a pas voulu faire de moi son esclave comme les autres, alors je suis restée emprison­née dans ma maison. Cela fait des années que je n’ai pas mis le nez dehors.

Tenez, je vous ai fabriqué une potion magique. Faites boire ça à mon fils pendant qu’il dort. Il fait la sieste tous les après midi.

Limer et Patafix se glissèrent à pas de loup dans la tanière du méchant située non loin de là. Il était facile de savoir où se diriger, des ronflements terribles s’échappaient d’une petite grotte juste derrière la cascade.

 

On aurait plutôt dit une cave, en rentrant à l’intérieur. L’ogre ronflait à poings fermés, la cave était remplie d’objets brillants, triés par taille. Sombrillance était entouré d’esclaves au regard vide, un peu hagards, qui montaient la garde. Il y avait un lion bleu, un éléphant jaune et un flamant vert. Des anciennes victimes qui avaient été capturées à cause de leurs objets brillants et qui avaient été asservis.

 

Dès qu’ils aperçurent nos amis, les esclaves se précipitèrent sur eux, armés de lances en os. Proba­blement des ossements des victimes tuées par Sombrillance auparavant. Patafix secoua la plume, les esclaves se mirent à voler, il secoua encore, ils retombèrent endormis.

Patafix et Limer se glissèrent auprès de Sombrillance qui dormait toujours. Il avait fort mauvaise haleine. Patafix se boucha le nez et vida le flacon de potion dans la gueule de l’ogre. Ce dernier se réveilla d’un coup. Patafix et Limer allèrent se cacher dans un coin. L’ogre se mit à pleurer, pleurer à grands sanglots.

-Maman, appela-t-il, entre deux sanglots.

Sa maman, qui était aux aguets prête à intervenir suite aux effets de sa potion s’approcha de lui dou­cement. Elle le prit dans ses bras.

-Ça va aller mon petit, lui dit-elle. Et le serrant encore contre lui, elle fit signe à Limer et Patafix de prendre leurs objets dans la grotte et de sortir. Limer récupéra ainsi son monocle et ses boucles d’oreilles.

 

Nul ne sait ce qui arriva ensuite à l’ogre Sombrillance. Certains disent que sa maman l’a obligé à rapporter tous les objets qu’il avait volés à ses victimes. D’autres disent qu’il est devenu très gentil et qu’il a monté un groupe de rock. Mais plus personne n’a été terrorisé par lui. Le monde était débar­rassé de cette menace qui pesait sur lui.

 

Limer et Patafix étaient devenus des héros et furent acclamés par tous les habitants de l’île. Ils rentrèrent chez eux en avion goéland, une grande fête fut célébrée en l’honneur de leur retour. Bien vite, ils retournèrent au creux du grand baobab pour faire la course à la lecture, comme à leur habi­tude. De temps en temps ils esquissent un sourire lorsque le soleil entre par la fenêtre et fait briller les boucles d’oreilles de Limer, leur rappelant ainsi leur incroyable aventure.

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 16:57

 

Il était une fois, une pomme de terre dont le destin était de finir dans une salade.

 

Elle était née dans une fratrie d'une vingtaine de pommes de terres, toutes plus belles les unes que les autres. Maman bulbe était fière de ses rejetons et notre petite pomme de terre était la plus bossue de toutes. On ne pouvait pas dire qu'elle était laide, on aurait plutôt pensé qu'elle était originale, différente de ses congénères.

 

La grande fée des pommes de terres venait chaque année pour rencontrer chacune et décider de leur avenir. Il y avait les pommes de terres pour la purée, d'autres pour les frites, les chips, les salades ou celles qui seraient replantées. Chacune était fière d'être choisie par la fée et attendait avec impatience de pouvoir accomplir son destin.

 

Notre petite pomme de terre avait toutes les qualités requises pour entrer dans une salade. Elle était bien dodue, toute rebondie et de taille suffisante pour être cuite harmonieusement.

 

Mais elle n'avait aucune idée de ce à quoi pourrait ressembler une salade, alors elle laisserait le destin lui montrer le chemin.

 

Elle avait tout d'abord été ramassée dans un champ. Une grosse machine l'avait arrachée de terre et sans crier gare, elle s'était retrouvée dans un panier, puis un carton, puis dans le noir dans un placard.

 

Là, elle fut positionnée à côté d'un oignon qui pleurait. « ne pleure pas petit oignon, je suis là près de toi, je m'appelle patate ». Patate et oignon, discutèrent ainsi dans le noir du placard pendant des jours et des jours. Il n'y avait pas de lumière et il faisait un peu froid. Ils devinrent les meilleurs amis du placard, après sel et poivre qui ne se quittent jamais.

 

Un jour, une grande main, toute douce vint attraper oignon. Pomme de terre se retrouva seule dans son placard, elle n'avait plus d'ami à qui parler et elle était triste. Mais rapidement, la main vint l'attraper à son tour.

 

Et voici mademoiselle pomme de terre déshabillée par la main, qui l'épluche et l'épluche encore. Lorsque patate est toute nue, la main lui fait une belle coiffure et la coupe en morceaux. Patate est toute contente de son nouveau look. Puis, un bon bain lui est préparé. Patate se retrouve dans l'eau chaude et mitonne, elle est bien contente de se retrouver au chaud, car sans ses habits elle avait un peu froid.

 

À la sortie du bain d'eau chaude, un bain d'eau froide, puis patate se retrouve déposée dans une espèce de gros récipient en verre. Elle trouve ça très rigolo.

 

À travers le récipient, elle aperçoit son ami oignon: « coucou! Lui crie-elle depuis le bol ». Mais oignon ne l'entends pas, il est en train de pleurer: la main qui le prépare pleure aussi.

 

Après quelques instants, voilà que pomme de terre est rejointe par de nouveaux amis: maïs, olive, fromage, tomate. Elle est ravie de faire leur connaissance. Puis, c'est au tour de son ami oignon de venir les retrouver: lui aussi a un nouveau look: émincé. Patate et oignon fiers de leur nouveau look sont heureux de se retrouver dans la salade.

 

La main les fait danser à l'aide un gros ustensile en bois. « c'est une cuiller », lui dit oignon.

« Ainsi, la salade était en fait une grosse fête de légumes », se dit patate, en dansant de plus belle. Patate et oignon dansèrent dans la salade jusqu'au bout de la nuit et étaient heureux de s'être rencontrés dans le placard.

Cette salade était devenue une salade de bonheur grâce à patate et oignon qui étaient si heureux d'avoir accompli leur destin ensemble.

 

Pour la main, cette salade fut la meilleure qu'elle n'ait jamais pu manger. La pomme de terre et l'oignon était incroyablement délicieux: les meilleurs qu'elle ait pu jamais manger. Patate et oignon étaient rentrés dans l'histoire de la main, qui venait de finir de les déguster.

 

On dit que les mois qui suivirent, la main devint enfin heureuse, sans comprendre pourquoi. Elle avait été transformée de l'intérieur depuis qu'elle avait mangé cette salade de bonheur.

 

La fée des pommes de terres, depuis le pays des fées avait suivi l'épopée de notre petite patate. Elle raconta à toutes les petites pommes de terres, que la magie d'une rencontre pouvait transformer leur vie et celle des gens... Il suffisait de trouver le bon ingrédient pour que ça soit magique...

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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 23:06

 

Voyez vous cette fumée étrange qui s'échappe du sous sol de la petite maisonnette voisine?

C'est une petite brume mauve violacée qui s'évapore doucement.

- Qu'est ce donc? Me direz vous.

- C'est le laboratoire secret de la sorcière , vous dirais-je alors.

 

La sorcière Hermeline évolue en secret parmi les habitants du village. En apparence, elle ressemble à une jeune femme normale, entre vingt et trente ans, une mine radieuse et un regard d'ange. En réalité elle a 120 ans et a trouvé depuis longtemps comment garder sa jeunesse grâce à la pureté de ses pensées. Sous son air angélique, se cache la sagesse d'une femme centenaire qui a vécu bien des choses et fait de nombreuses expériences.

 

Elle a décidé de garder l'anonymat et vivre une vie semblable à nous tous ici bas. Il faut dire, que de nos jours, les sorcières ne sont plus tellement à la mode. On les imagine le nez crochu, se déplaçant avec un balai et jetant des sorts malfaisants les soirs d' Halloween.

-Mais pas du tout! Dirait la sorcière Hermeline lorsqu'on lui décrirait ainsi les sorcières. Une sorcière est une personne qui ressemble à tout le monde et que personne ne soupçonne. Elle œuvre parmi les gens pour réparer des erreurs du passé, rééquilibrer le monde, semer de bonnes pensées... et puis les balais c'est dépassé! Maintenant qu'il y a les mobylettes, c'est bien plus rapide et les aspirateurs bien plus efficaces que les balais. Il faut vivre avec son temps!

 

C'est ainsi que notre sorcière a choisi de vivre. Ah! Elle n'a pas toujours été sage et honnête, elle a jadis jeté de mauvais sorts et fabriqué de dangereuses potions magiques. Mais avec l'âge vous savez, on se lasse de faire des bêtises. Surtout que les potions malfaisantes n'intéressent plus vraiment les gens aujourd'hui. Il a fallu se reconvertir en autre chose de plus tendance, comme le bonheur.

 

Et oui, le bonheur est à la mode. Lorsqu'on se promène sur le marché du village d'Hermeline on entend les vendeurs crier:

-Bonheur tout frais! Qui veut du bonheur tout frais? demandez du bonheur tout frais.... .

Ne les entendez vous pas?

 

Hermeline distribue du bonheur tout frais gratuit, elle n'a pas besoin de le vendre. Elle est à la retraite depuis bien longtemps et a des revenus suffisants. Une retraite de sorcière c'est tout à fait correct.

 

Voici notre sorcière qui passe près de nous, observez la discrètement. De longs cheveux bruns soyeux, qui paraissent doux comme de la soie, une petite taille fluette, un regard doux et bienveillant qui inspire la confiance. Elle porte une jolie petite robe bleue très à la mode, avec de petits papillons verts brodés sur le côté.

 

Vous la voyez traverser la rue? Elle se rend à son cours de poésie. Elle s'en sert pour inventer de nouvelles formules magiques qu'elle consigne dans son grimoire. Vous savez, il faut adapter les formules à notre époque pour qu'elles soient vraiment efficaces. L'année dernière, elle a pris des cours de rap et a consigné des formules très puissantes.

 

Cette année, Hermeline la sorcière a décidé d'apporter un peu de raffinement à ses nouvelles potions. Elle compose ainsi des recettes magiques en alexandrins, rimes, tercets... et va chaque semaine prendre des cours de poésie pour améliorer son art.

 

De retour dans son atelier, elle se met au travail rapidement. Imaginez une cave, remplie d'alambics, de fioles et de couleurs. Il y a aussi l'éternel chaudron, indispensable, ainsi que ses fidèles assistants: Roméo le crapaud et Gribouille la grenouille. Tous les trois forment une équipe magique de haut vol.

 

Ceux qui connaissent le secret d'Hermeline n'arrêtent pas de parler d'elle ces derniers temps. Laissez moi vous raconter.

 

Tout a commencé lorsqu'elle a croisé le regard du facteur. Le jeune homme a bien senti qu'elle n'était pas une fille comme les autres et il a eu envie de mieux la connaître, alors il a pris le temps de bavarder.

 

Il était agréable, doux et lui a parlé d'un air charmant. Hermeline en a été toute retournée. Il faut dire que, jadis, notre sorcière était une grande adepte des potions de cœur d'artichaut et en a gardé des effets de manière permanente. Cette potion, très appréciée des sorcières lors des festivités produit instantanément un effet relaxant et adoucit la vie. Mais en contrepartie, elle permet à quiconque la boira de tomber très facilement amoureux, ce qui n'est pas toujours un avantage.

 

Hermeline ne savait pas quoi faire, cela faisait au moins 60 ans qu'elle n'avait pas vécu d'histoire d'amour et encore plus longtemps qu'elle n'avait pas côtoyé un simple garçon ordinaire. Son dernier amoureux, le sorcier noir Mordoc lui en avait tellement fait voir qu'elle avait renoncé a l'amour et décidé de vivre en solitaire auprès de Roméo et Gribouille.

 

La voici touchée par ce beau jeune homme. Mais elle ne savait pas quoi faire. Ni une ni deux, elle s'est enfermée dans son laboratoire pour étudier de font en comble le contenu de son grimoire. A la recherche d'une sagesse oubliée, elle cherchait à se protéger du merveilleux sourire du facteur, elle voulait l'oublier et vivre seule comme avant. Elle avait beaucoup trop peur d'être malheureuse encore une fois. Mais Hermeline n'a rien trouvé, pas la moindre formule, ni le plus petit ingrédient magique qui pourrait répondre à ses recherches.

 

Roméo et Gribouille l'ont rassurée, lui disant qu'une sorcière ressent des sentiments humains elle aussi.

-Tu es amoureuse, mais tu as peur, lui dit Roméo en désignant le grimoire, il y a un chapitre là dessus.

 

Hermeline s'est replongée dans son grimoire. On dit qu'à ce moment là, il a dégagé une montagne de poussière lorsqu'elle a tourné les pages et Roméo et Gribouillent ont éternué encore et encore.

 

Un chapitre entier de son grimoire était consacré à la peur. La conclusion de sa lecture était très simple: contre la peur, un seul remède: le courage.

 

Elle a réuni tous les ingrédients et mis son chaudron à mijoter pour faire une potion de courage. Elle y a ensuite déposé (notez bien la recette, car vous pourrez la refaire chez vous):

 

Une écaille de dragon peureux, un cheveu de troll froussard, trois poils de bec d'autruche, une étincelle de luciole, deux empreintes de yéti, un grand verre de peur bleue, une pincée de chair de poule, une chaussette du chevalier sans peur et sans reproche, une poignée de cheveux qui se hérissent, une feuille qui tremble, une pincée de frémissement d'horreur, un soupçon de dents qui claquent. Elle a terminé sa potion en rajoutant une fiole entière de peur du noir et a remué le tout.

 

Une fumée verdâtre s'est échappée du chaudron.

-Il manque un peu de goût, s'est dit Hermeline, en humant la préparation.

Elle a alors rajouté du gingembre et du citron.

-C'est parfait, s'est-elle dit en se versant une bonne lampée de potion dans sa tasse préférée.

 

Dès qu'elle a bu la potion, Hermeline a grelotté, sangloté, frissonné. Elle ne s'est pas sentie bien du tout.

-Au secours! A-t- elle appelé en regardant Gribouille et Roméo.

Mais sa vision s'est troublée, sa tête a tourné et Hermeline s'est effondrée par terre et est tombée, inconsciente. Ceux qui m'ont raconté cette histoire ne savent pas pourquoi elle a fait ce malaise. Certains disent qu'elle a utilisé de la peur bleue pas fraîche, d'autres pensent que le citron et l'étincelle de luciole ne vont pas ensemble...

 

Toujours est-il, que lorsqu'Hermeline s'est réveillée, elle se trouvait allongée sur son canapé. Elle ne savait pas ce qui s'était passé, elle avait mal à la tête, mal au ventre, mal partout. Elle s'est demandé comment elle avait bien pu arriver là alors qu'elle était dans son laboratoire,peu de temps avant.

- Ça va mieux? lui dit une voix près d'elle.

Se tournant vers son interlocuteur, Hermeline n'en croyait pas ses yeux: c'était son beau facteur qui était là, assis près d'elle.

-J'avais oublié de vous distribuer un paquet, lui a-t-il expliqué. C'est votre grenouille qui m'a prévenu que vous étiez souffrante. Je vous ai donc amenée ici et j'ai veillé sur vous.

 

Hermeline se sentait trop mal pour lui répondre, elle a alors exploré la situation dans sa tête:

-Il m'a trouvée dans mon laboratoire où il y a plein de potions....il n'a pas été surpris d'être accueilli par une grenouille qui parle...

-Mon grand père était un sorcier lui aussi, lui a répondu le facteur comme s'il devinait ses pensées. Mon grand père, habitait en Afrique avec un caméléon et une girafe qui parlent. Il était très connu. De nos jours, peu de gens croient encore aux bienfaits des sorciers et vous devez vous cacher. C'est dommage...

 

Hermeline a mis plusieurs jours à se remettre. La potion de courage n'a pas marché comme elle l'avait imaginé, mais elle s'est sentie plus légère et n'a plus eu peur de parler au facteur. Elle a compris que l'important était de se laisser porter par le destin, et que parfois il était plein de surprises. Le petit facteur a passé beaucoup de temps au chevet d'Hermeline. On m'a dit qu'il s'appelle Norbert.

 

Norbert et Hermeline se sont revus encore et encore. Je suis venu ici pour espionner. J'aimerais bien connaître la suite. Est ce que vous savez quelque chose? Tous ceux qui connaissent Hermeline n'ont pas voulu m'en dire plus. Est ce qu'elle est tombée sous son charme? Moi j'aimerais bien. On m'a dit qu'une sorcière amoureuse, ça distribue encore plus de bonheur gratuit.

 

Mais, regardez là bas : ne serais-ce pas Norbert?

Il remonte l'allée de chez Hermeline, un bouquet de fleurs à la main, on dirait qu'il vient lui rendre visite. Je vois la porte qui s'ouvre. Gribouille la grenouille l'accueille.

Tiens, j'entends une voix, c'est celle d'Hermeline:

-Bienvenu mon aimé.

 

La porte se referme sur eux.

Nous ne pouvons pas entrer dans la maison pour savoir ce qui s'y passe. Il ne reste pus qu'à imaginer la suite. Ils s'aiment, maintenant je le sais. Sûrement vivront-il heureux et auront plein de grenouilles qui parlent et de potions magiques?

Et si on revenait faire un tour ici de temps en temps pour voir?

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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 01:15

Chronos, le dieu du temps, s'ennuyait ferme dans son atelier. Assis, les yeux posés sur son sablier il regardait s'égrainer le temps qui passe. Il était à cours d'idées. Il avait déjà inventé milles objets du temps et avait soufflé aux hommes comment les fabriquer. Ainsi, étaient nés les cadrans solaires, les montres, les calendriers lunaires, les horloges comtoises, les clepsydres et que sais je encore. Les hommes avaient tout ce qu'il falait et il ne savait plus ce qu'il pourrait bien leur souffler.

 

Il avait bien essayé de leur enseigner la préparation d'un élixir de jouvence, mais l'humanité n'était pas encore prête pour ça. Il gardait donc sa recette dans un coin, prêt à leur enseigner à des heures plus propices.

 

L'ennui le conduisit à explorer la grande bibliothèque du savoir universel, partagée par les dieux depuis le commencement des âges. Là il trouva un ouvrage, tout poussiéreux, depuis longtemps oublié sur une étagère. « Recettes du temps » put-il y lire.

 

Heureux de sa trouvaille, Chronos s'en retourna dans son atelier. Il était impatient de découvrir ce qui se cachait dans ce livre fort inhabituel. Feuilletant les pages, il découvrit avec stupeur des formules magiques merveilleuses, excitantes et d'autres sombres et inquiétantes. Celui qui possèderait ce livre aurait la possibilité de rendre le temps plus paisible, plus beau, construire une nouvelle éternité. Mais aussi de produire des dérèglements et perturbations.

 

Le temps, Chronos s'était appliqué à l'aplanir. Il avait décidé le temps paisible et les hommes vivaient en harmonie avec lui. Il décida donc d'ignorer les recettes nuisibles et d'y prendre garde.

 

Chronos passa des jours à lire le livre des recettes du temps. Il était insatiable. Il s'était régalé de préparer la brume du temps heureux, il s'était amusé de chanter la chanson des siècles accomplis, il s'était émerveillé de mitonner la soupe du temps des cerises. Il avait dansé la valse à trois temps des heures entières. Il s'était bien amusé.

 

Après avoir lu toutes les belles formules, il restait sur sa faim. Il aurait aimé apprendre des recettes du temps encore et encore. C'est alors qu'il pensa à regarder les recettes du livre pour perturber le temps. Il s'était refusé d'y jeter ne serait-ce qu'un coup d'œil, de peur de découvrir ce qu'elles contiendraient. Mais il ne lui restait que ces quelques petites pages pour terminer son ouvrage. Curieux, il décida de les lire sans rien expérimenter.

 

La première lecture lui glaça le sang, puis il les parcourut les une après les autre. Grêle des temps difficiles, recette du temps ennuyeux, soupe de temps gaspillé, poudre de manque de temps, incantation de retard absolu, potion de temps malmené...

 

Chronos n'en croyait pas ses yeux. Comment imaginer perturber le temps? Comment penser à modifier l'ordre des choses si parfait? C'était impossible! Impensable!

Il referma le livre et le rangea soigneusement au fond d'un placard.

- Mieux vaut le mettre en sécurité, pensa-t-il. Il serait préférable d'éviter qu'il ne tombe entre de mauvaises mains.

Il referma la porte de l'armoire à double tour avant d'aller se coucher.

 

Cette nuit là fut particulièrement agitée pour Chronos. Il fit des rêves épouvantables. Il rêva de pendules qui tournaient à l'envers, de sabliers figés, de réveils qui oublient de sonner et d' humains n'ayant jamais le temps. Ce fut une très mauvaise nuit. La pire de son existence.

 

Pendant son sommeil, il commença à réciter les formules magiques de perturbation du temps. Autour de lui, des monstres hideux et repoussant prenaient vie au fil des incantations. Ils étaient de plus en plus nombreux et de pus en plus repoussants.  Les monstres se regardèrent, observèrent un instant Chronos dormant, puis décidèrent de descendre sur la terre.

 

Alors que le monde ne connaissait que des temps paisibles, les Monstres du temps s'immiscèrent discrètement. Chaque humain se mit alors à avoir une perception du temps déformée.

 

Les monstres variateurs de temps accéléraient le temps à certains moments et le faisaient paraître parfois interminable, les monstres de l'ennui rendaient le temps insupportable et long, les monstres du chaos rendaient le temps incontrôlable...

 

Les plus virulents étaient les monstres grignoteurs de temps. Lorsqu'un grignotteur de temps s'immiscait dans la vie d'une persone, elle se retrouvait tout à coup dépassée. Chaque fois qu'elle avait une minute à elle, elle se la faisait immédiatement dévorer. On pouvait facilement reconnaître un humain contaminé. Il courait à toute allure en répétant sans cesse:

- Je suis encore en retard, je dois me dépêcher, vite, vite!

Ou encore:

- Je ne peux pas, je n'ai pas le temps, je suis débordé!

Les monstres du temps mettaient la pagaille partout sur la terre.

 

Lorsque Chronos se réveilla, il ne se rendit compte de rien. Il avait bien observé que sa chambre était plus en désordre que d'habitude mais il l'attribua à son sommeil agité. Sa journée se passa comme d'habitude. Il avait fort à faire. C'était la période où les jours commençaient à rallonger et il devait effectuer bon nombre de réglages.

 

Le soir venu il regarda la terre pour observer les hommes et découvrit avec horreur le remue ménage qui s'était installé.

 

Furieux, il descendit immédiatement sur terre pour tenter de réparer les dégâts. Il parcourut toute la planète pour mettre les monstres du temps hors d'état de nuire. Le temps retrouva bien vite un meilleur équilibre.

 

Mais les monstres étaient si nombreux qu'il n'avait pas pu tous les stopper. Pire! Beaucoup d'hommes les avaient adoptés.

 

Chronos remonta péniblement sur son nuage, fatigué et déçu. Observant le monde, il constata qu'il ne pouvait plus revenir en arrière et faire disparaître les monstres du temps. Les hommes se les étaient appropriés et les monstres feraient partie de leur quotidien désormais.

 

Alors, pour tenter de rétablir l'équilibre, Chronos donna aux humains la possibilité de gérer eux même leur temps. Ils pourraient en faire ce qu'ils voudraient. Ils pourraient faire partir consciemment les monstres du temps s'ils le souhaitaient et rétablir leur équilibre. Chronos s'etait ainsi détaché de son contrôle absolu sur le temps, pour le bien des êtres humains.

 

Depuis ce jour, Chronos continue de veiller sur le monde. Il observe les gens depuis le ciel. Certains humains peuvent  l'apercevoir s'ils lèvent les yeux. Ils veront alors qu'il leur adresse un clin d'œil complice et paternel depuis son nuage, alors que les humains courrent, disant qu'ils n'ont pas le temps...

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 15:20

Après des mois d'absence et des tas d'ateliers d'écriture pour me perfectionner, me voici de retour.

 

Le site reprend son essor: nouveau design et auteur transformée.

 

Je ne pouvais plus dormir... des histoires venaient troubler mon sommeil, me disant:

-S'il te plait Floflo, raconte moi, écris moi....

 

Face à la demande insistante de ces histoires, je n'ai pu que céder et réouvrir mon blog... pour leur plus grand plaisir.

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 12:19
Il était une fois, un troll jardinier, prénommé Greengarden, qui vivait à Trollville.

Trollville se situait en plein cœur du pays des troll et était réputée pour son concours de jardinage, organisé chaque année. On y récompensait le troll jardinier le plus original, celui qui savait faire pousser quelque chose que personne n'avais encore jamais fait pousser.

Ainsi, au fil des années, de nombreux lauréats, tous victorieux d'une culture incroyable se succédèrent. Il y eut Pépé Grand troll, qui réussit à faire pousser un arbre à saucisses grillées, le troll Grobalour qui put cultiver des althères pour faire sa gymnastique, Griselda qui donna naissance à une plante à miroir, où chacun pouvait s'admirer. Il y eut encore, la famille Dutroll, qui mit au monde un pommier dont les pommes avaient le goût de chocolat, Grunchk qui fit pousser la plus belle collection de barrettes à cheveux. Mais la victoire la plus remarquée fut celle de Mademoiselle Trollinette, qui put donner naissance à des fleurs de sourire et de bonne humeur: sa performance restait dans toutes les mémoires et était jusqu'alors inégalée.

Le troll Greengarden était bien décidé à remporter le prochain titre du concours. L'année passé, il avait impressionné le jury avec ses carottes feu d'artifice. Ces dernières explosaient et produisaient mille couleurs lorsqu'on les épluchait. Malheureusement, il avait été devancé par Hectroumf qui avait, quant à lui, inventé des tomates rieuses. Ces dernières se mettaient à rire dès qu'on les cueillait, entrainant dans leur fou rire toutes les personnes se trouvant aux alentours. Les gens de Trollville n'avaient jamais autant ri que cette année là et les tomates leur firent passer un bon moment. Hectroumf fut sacré jardinier d'or, pour le plus grand désespoir de Greengarden.

Cette année, Greengarden avait mis beaucoup de courage pour remporter la compétition. Il avait désherbé son jardin, préparé de belles allées et astiqué tous ses outils. Il espérait pouvoir faire pousser quelque chose d'extraordinaire et s'était durement préparé.



 Lorsque le maire de Trollville annonça le début du concours, chaque jardinier regagna son jardin. Ils avaient un mois pour donner naissance à leur plantations. Il faut dire, que dans le pays des troll, tout ce qui est planté pousse très vite, mais pour cette compétition, le délai était très serré et ne donnait pas le doit à l'erreur.

Cette année là, Greengarden avait choisi de cultiver un jardin de belles pensées. Après l'exploit de mademoiselle Trollinette avec ses fleurs de sourire et de bonne humeur, il avait pu observer combien il était difficile de faire ce genre de culture. Il était bien décidé à se surpasser, et, surtout à faire quelque chose d'utile pour la communauté. Dans son village de trolls, nombreux étaient les personnages ronchons et désagréables. Un peu de belles pensées pour tout le monde ne pourrait  leur faire que du bien.

Ainsi, Greengarden venait chaque jour dans son jardin planter de nouvelles pensées: il avait mis des pensées de joie, de fraternité, d'amour pour le monde, de bonne humeur, de pardon, d'écoute... Il y mettait tout son cœur. Une fois plantées, il venait chaque jour les voir, leur dire qu'elles étaient belles et combien il était fier de les voir pousser. Il était heureux de voir, petit à petit, son jardin prendre forme.

Mais un jour, il s'aperçut que ses belles pensées s'arrêtaient de grandir. Il avait beau les complimenter sur leur beauté, les aimer de tout son cœur, il n'y avait rien à faire. Il put même observer des pensées qu'il n'avait pas plantées qui se mettaient à pousser dans son jardin: elles étaient toutes tordues, grimaçantes et repoussantes. Après observation, il vit que c'étaient ses doutes, ses peurs, ses envies de pouvoir, sa vanité, ses mensonges... qui étaient en train de se dévellopper là, parmi les belles pensées qu'il s'était donné tant de mal à cultiver.
-Que faire? Se demanda-t-il. Je dois absolument trouver une solution pour mon jardin, se dit-il.

Il alla rendre visite à sa grand mère, mamie Trollsaitout, qui était toujours de bons conseils.
 -Mon petit, lui dit-elle, si tu essaie de planter des belles pensées, sans t'être débarrassé de tes pensées sombres, c'est très difficile. Les doutes, les peurs et tout ce qui te chagrine, tout cela reste présent et va essayer faire disparaître tes belles pensées. Lorsque tu rentres dans ton jardin, prend soin de te délivrer de tout ce qui te semble négatif, ainsi tu pourras laisser toute leur place à tes belles pensées.

Greengarden écouta sa grand mère et retourna dans son jardin. Il y installa une grande poubelle juste à l'entrée où il mettait chaque jours ses pensées et sentiments négatifs. Ainsi, il rentrait dans son jardin en pleine forme et pouvait se consacrer pleinement aux belles pensées. Ces dernières se remirent à croître et le jardin reprit toute sa vigueur.

Pendant ce temps, les pensées sombres s'accumulaient de plus en plus. Greengarden en rajoutait chaque jour et la poubelle ne tarda pas à déborder. Elles vinrent alors perturber le voisinage et polluer tout les jardins alentours. Greengarden était désolé de constater ce qui se passait. Il retourna voir sa grand mère pour lui demander des conseils.

Mamie Trollsaitout lui expliqua:
 - Bien sûr, c'était une bonne idée de mettre tes pensées sombres à la poubelle. Mais en faisant cela, tu ne fais que les accumuler et les déplacer ailleurs que dans ta tête. Tu dois trouver un moyen de les faire partir définitivement.

Greengarden, après avoir beaucoup réfléchi, alla faire un tour dans la forêt et s'enferma dans son atelier des jours entiers. On pouvait l'entendre bricoler et s'affairer, sans savoir ce qu'il était en train de préparer. Après plusieurs jours de dur labeur, il installa un drôle d'objet à la sortie de son jardin. Des passants furent intrigués et lui demandèrent de quoi il s'agissait.
-C'est une poubelle magique, leur expliqua-t-il. Elle sert à recevoir tout ce que nous avons dans la tête et qui nous dérange. Une fois ces pensées gênantes à l'intérieur, je rajoute consciemment de la poussière d'étoiles blanches. C'est alors qu'une chose incroyable se produit: le contenu de la poubelle magique se dégrade et se transforme en bon compost. J'utiliserai ensuite ce compost pour fertiliser mon jardin.

Il récupéra toutes les pensées négatives qui s'étaient infiltrées chez les voisins et se remit à jardiner. Les pensées négatives, qui avaient créé tant de dégâts, furent transformées en bon compost. Son jardin devint resplendissant et Greengarden, à force de faire le ménage dans ses pensées devint, lui aussi, rayonnant.

Le jour tant attendu du verdict arriva. Un comité d'inspection des jardins se déplaça dans tout le village pour admirer les plantations. Il y avait, cette année encore, des tas d'idées intéressantes. Madame Farfetroll avait cultivé un champ entier de pots de chambre autonettoyants. Monsieur Grandtroll avait donné naissance à une nouvelle variété de buisson qui changeait de couleur en fonction de la météo du jour. Grobalour avait, quant à lui, fait pousser une herbe qui développe les muscles de celui qui les mange sans que cette personne ne fasse d'effort.

Vint le tour de Greengarden de présenter son jardin. Il y avait des tas de magnifiques fleurs: des tulipes de joie, des roses de paix, des iris de fraternité, des marguerites d'amour pour le monde...
Le jury ne dit pas un mot, nota des informations sur un carnet et repartit en visite.

Ce soir là, tout le village était convié à un dîner du village. On y servait de la confiture de sauterelle, de la citrouille piquante, de la tomate rieuse, des saucisses grillées cueillies dans l'arbre et même des carottes feu d'artifice. Tout cela en l'honneur des cultures des années précédentes.

Quand tout le monde eut fini son dîner, le jury convia la population pour annoncer leur verdict. Après un temps de suspense insoutenable, ils proclamèrent le nom du jardinier d'or de l'année. C'est Greengarden qui fut sacré, pour sa plus grande joie et la fierté de sa grand mère Trollsaitout. Un grand bal fut donné en l'honneur de cette victoire et les habitants du village vinrent le féliciter.

  Les mois qui suivirent, il partagea ses découvertes avec tout les trolls qui s'y intéressaient. Ils fabriquèrent ensemble des tas de poubelles magiques et les jardins de belles pensées fleurirent parmi le pays des trolls.



Nul ne sait ce que Greengarden et ses amis du village de Trollville nous préparent pour la prochaine compétition. Peut être pouvons nous leur souffler quelques idées?
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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 14:55

 

Tristan le prince, venait enfin de voir le jour. Il était le premier garçon, descendant d'un magnifique royaume situé entre les montagnes éphémères et les collines luxuriantes. Il avait été fort attendu. Ses parents, un peu âgés, avaient depuis longtemps perdu espoir d'avoir un héritier et sa naissance fut considérée comme un vrai miracle.

 

Une grande fête fut célébrée dans le royaume. Ménestrels et troubadours furent envoyés parmi le peuple pour annoncer la bonne nouvelle. Tout le monde se réjouissait.

 

Comme à l'accoutumée, une fée devait être désignée pour être la marraine du prince. Le roi et la reine, réfléchirent longuement à celle qu'ils choisiraient pour leur fils bien aimé. Il y avait bien la fée du logis, réputée pour ses qualités de maîtresse de maison, la fée Carabosse, bien connue pour son caractère très affirmé, la fée Clochette qui entonnait des chansons si douces que tout les nouveaux nés s'endormaient immédiatement, mais celle qui fut finalement choisie était la fée Patatras. C'était la plus gentille fée du pays, reconnue pour son incroyable douceur et sa grande bonté.

 

Ce que les parents de Tristan ignoraient, c'était que la fée Patatras était aussi connue pour ses nombreuses maladresses. Elle avait toujours la tête en l'air et chaque fois qu'elle expérimentait un nouveau sort, elle oubliait des morceaux de formule magique, elle cassait des fioles de potions, se trompait dans les ingrédients... Avec la fée Patatras, il y avait souvent une catastrophe à l'horizon.

 

La fée Patatras, honorée de la demande du roi et de la reine, s'était préparée durement pour l'occasion. Cela faisait plus de 200 ans qu'elle n'avait pas été marraine, c'était un honneur pour elle d'avoir été choisie. Elle avait révisé ses formules magiques, préparé les meilleures potions et avait passé la nuit à relire le chapitre des marraines sur son grimoire magique

 

Le jour du baptême arriva enfin. Tristan était confortablement installé dans le berceau royal, ses parents debout à côté de lui accueillirent chaleureusement la fée Patatras.

Cette dernière se pencha sur le berceau, et chercha quel don magique serait approprié pour son filleul.

-Comme il est beau! s'écria-t-elle. Puisqu'il en est ainsi, je vais te jeter un sort d'amour. La princesse que tu aimera deviendra éperdument amoureuse de toi dès que tu l'approcheras. Vous serez ainsi heureux ensemble pour toujours...

Prononçant Ces mots, la fée déposa sur le front du petit une goutte d'élixir de chance en amour et prononça la formule magique appropriée. Malheureusement, sa tête en l'air lui fit réciter la formule à l'envers. Le prince fut alors affublé d'un sort de malchance en amour.


Bien sûr, personne ne se rendit compte de cette erreur et Tristan grandit sans se douter de rien. Tout de même, il y avait quelque chose d'étrange, car dès sa plus petite enfance, lorsqu'il souriait à une princesse elle se moquait de lui ou lui adressait les plus repoussantes grimaces. Puis Tristan devint un prince en âge de se marier et était le plus beau jeune homme du royaume.

 

Il rencontra d'abord la princesse Griselda, qui habitait un des royaumes voisins. La princesse fut vite séduite par la grande beauté du prince et ils tombèrent amoureux. Tristan était aux anges, Griselda était la princesse dont il avait toujours rêvé: elle était belle, savait briller en société et tous les gens du royaume qui la croisaient étaient sous son charme. Tristan et Griselda prirent l'habitude de s'envoyer de longs mots doux par pigeons voyageurs. Pour le prince c'était le comble du bonheur...

 

Mais un jour, alors qu'il ne s'y attendait pas, Tristan reçut un pigeon qui bouleversa sa vie. Le message lui appris que Griselda avait décidé d'épouser le prince Albert d'Enjoué et que le mariage aurait lieu le lendemain. La princesse expliqua qu'elle était tombée immédiatement sous le charme de ce prince et qu'elle ne désirait plus jamais parler à Tristan. Pour le prince, ce fut un choc! Comment sa si belle princesse avait ainsi pu l'abandonner?

Le prince se ressaisit et grâce à sa grande beauté, il ne tarda pas à rencontrer une nouvelle princesse au bal. C'était la princesse Alexandra, qui lui fit une très agréable impression par son calme et sa douceur. Tristan et Alexandra passèrent quelques temps, amoureux et tout allait bien. Il avait enfin oublié Griselda et pensait avoir trouvé celle qu'il pourrait épouser. Malheureusement pour le prince, Alexandra était dotée d'un caractère ignoble: d'une jalousie hors du commun, elle faisait vivre à notre pauvre Tristan des scènes de colère insupportables. Tristan, malheureux, décida qu'il serait mieux pour lui de ne pas l'épouser et continua de chercher l'amour.

 

Il rencontra de nombreuses princesses, car son charme et sa beauté ne passaient pas inaperçus: il y eut Albertine, qui préféra épouser un crapaud qui s'était transformé en prince lorsqu'elle l'avait embrassé, puis Barthélémia qui préférait passer son temps avec ses copines plutôt qu'avec son prince et Josépha qui lui avoua qu'elle le trouvait charmant mais qu'elle n'était pas amoureuse de lui... la liste fut longue et Tristan allait de déceptions en déceptions.

 

Un jour, il appela la fée Patatras, sa marraine pour lui demander son aide. Il lui raconta ses malheureuses histoires.

La fée Patatras, voyant la situation, se rendit compte de l'erreur qu'elle avait commise jadis.

-Je me suis trompée de formule lorsque tu étais petit, lui expliqua-t-elle. Ce sort ne pouvait être annulé que dans tes dix premières années. Je ne peux aujourd'hui plus rien faire avec ma magie. En revanche, il est possible que tu annules toi même ce sortilège.

-Moi même? s'exclama le prince, mais comment?

-C'est très simple, va te reposer à la fontaine au bout du village, c'est une fontaine magique qui peut exhausser tes souhaits les plus sincères.

-Que dois-je faire? demanda le prince.

-Cherche la confiance tout au fond de toi. Quand tu seras convaincu que tu mérites de rencontrer une princesse faite pour toi, bois l'eau de la fontaine et dis "qu'il en soit ainsi". Ensuite, reste toujours sûr que ton vœu va s'exhausser et la magie se mettra en œuvre...

 

La fée Patatras conduisit Tristan jusqu'à la fontaine et le laissa seul. C'était difficile d'exécuter les consignes de sa marraine: il avait du mal à croire qu'il pourrait être heureux après tous ses échecs. Comment pourrait il être sûr de ne pas rencontrer à nouveau une princesse qui le ferait souffrir et ne plus être victime du mauvais sort qui l'avait jusqu'alors poursuivi?

 

Mais il n'avait pas le choix. Alors Tristan passa des jours et des jours auprès de la fontaine à chercher la confiance. Quand il l'eut enfin trouvée, il but l'eau de la fontaine et prononça la formule magique.

-Qu'il en soit ainsi, dit il après avoir avalé goulument une grosse rasade d'eau de la fontaine.

 

Ainsi, Tristan rentra dans son château, espérant qu'il trouverait enfin l'amour. Nombreux furent les doutes et les peurs qui tourmentèrent son cœur. Mais après quelques temps, il rencontra une princesse toute simple prénommée Isabella. Il ne l'aurait jamais remarquée auparavant, car elle lui aurait paru ordinaire. Il découvrit en elle une compagne étonnante, qui aimait des choses similaires à lui et était toujours attentionnée. Il passa de merveilleux moments à ses côtés et fut mille fois tourmenté par ses peurs. La princesse, timide, ne savait pas exprimer à Tristan ses sentiments les plus profonds. Ainsi, le prince doutait qu'elle puisse l'aimer et avait peur de souffrir encore de sa malédiction.


Il se souvint de l'eau qu'il avait bue à la fontaine, décida d'avoir confiance et l'épousa. De somptueuses noces furent célébrées et tout le royaume fut convié. Au loin, on entendait résonner le son des cors et des trompètes annonçant les noces du futur souverain.

 

Les années passèrent, Tristan devint roi à la mort de son père et eut de merveilleux enfants avec Isabella.

 

Un jour, alors qu'il s'endormait, sa femme lui murmura:

-Je t'ai aimé dès que je t'ai rencontré et tu es le plus merveilleux des maris.

Apparut alors, aux yeux de Tristan la fée Patatras:

-Aucun sort n'est plus fort que la confiance que tu as en toi, lui dit-elle. La fontaine à laquelle tu as bue n'était pas magique, c'est toi seul qui a su trouver la clé pour trouver le bonheur. Souviens toi en Tristan, lorsque tu te croiras prisonnier d'un mauvais sort... et la fée disparut.

 

Tristan vécut heureux et raconta cette histoire à ses enfants, petits enfants et arrières petits enfants. Ils allèrent souvent se promener près de la fontaine, qui fut surnommée avec le temps, la merveilleuse fontaine Patatras.

 

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1 septembre 2010 3 01 /09 /septembre /2010 15:04

Bernadette la Langouste était en train de préparer son déménagement. Elle vivait dans les eaux claires et avait élu domicile quelques années auparavant dans un bulot fraichement rénové. Les années passant, elle s'y sentait de plus en plus à l'étroit et avait décidé de déménager dans un nautile, bien plus spacieux.

 

langouste_009.gifDès son plus jeune âge, notre langouste avait préféré vivre dans des coquillages plutôt que dans des rochers comme ses comparses. Elle s'y sentait plus libre et plus en sécurité. C'est en croisant son voisin, le Bernard l'ermite qu'elle en avait eu l'idée. Elle avait pu l'observer maintes fois changer de coquille, au gré de sa croissance, mais aussi au gré des saisons et des modes. Monsieur Bernard l'ermite était un crustacé bien coquet.

 

Bernadette s'était installée dans sa première coquille à l'époque où ses parents lui cherchaient encore un nom. Puisqu'elle vivait comme un Bernard l'ermite, elle fut baptisée Bernadette.

 

Préparant ses valises pour déménager dans son nautile, elle reçut un coup de bigornophone. C'était son ami Oscar, le homard.

-Je viens de faire l'acquisition d'une raie manta à hyperpropulsion, s'écria-t-il fièrement. Grâce à elle, je peux voyager et visiter les océans.

Il lui expliqua qu'il rêvait depuis longtemps d'explorer les fonds marins. On lui avait dit grand bien: des paysages somptueux et des animaux étonnants. Il proposa à Bernadette de l'accompagner.

 

Bernadette, laissa donc pour un temps son bulot et son nautile, et se mit en chemin pour rejoindre son ami Oscar qui vivait à Homar-city, à une demi journée de nage de là.

 

P1020794.JPGOscar travaillait dans une ferme Poulpicole. Être un éleveur de poulpes était pour lui une grande fierté. Dans le monde Poulpicole, de nombreux fermiers avaient choisi les élevages en aquarium qui prennent peu de place, où les poulpes grandissent serrés les uns contre les autres. Oscar, quant à lui, avait choisi de faire un élevage de Poulpe en pleine mer, leur permettant d'avoir de l'espace pour gambader. Il pouvait ainsi accueillir sans difficultés les espèces les plus rares et les plus belles. Bernadette les regardait chaque fois avec admiration: il y avait les poulpes arc-en ciel pleins de couleurs, les poulpes dorés qui reflétaient les rayons du soleil, les poulpes rieurs toujours de bonne humeur et les poulp-épics plein de piquants.

 

Pour son voyage, Oscar avait confié son exploitation, à son petit frère Omar, étudiant en médecine poulpe qui prenait sa tâche avec beaucoup de sérieux.

 

La raie manta, parée pour le voyage, accueillit sur son dos nos deux crustacés.

-Je serai votre guide, dit la raie, je connais bien la mer et ses secrets.

Bernadette et Oscar, impatients, se demandaient bien ce qu'ils allaient pouvoir découvrir.

 

La raie les conduisit vers le sud, là où les océans sont plus chauds et les poissons multicolores. Chemin faisant, Bernadette et Oscar aperçurent des étoiles de mer, toutes différentes de taille et de couleur. Elles se déplaçaient dans la même direction.

- Que se passe-il? Demanda Oscar à sa fidèle monture.

- Ce sont des étoiles pèlerines, expliqua la raie, elles se rendent au temple sacré de Juanita Bautista pour vénérer la sainte étoile.

-La sainte étoile? Interrogea Bernadette, mais qu'est ce que c'est?

-Une vieille légende dit que les étoiles de mer les plus valeureuses peuvent y recevoir l'illumination. Elles deviennent alors d'une grande sagesse. On peut les reconnaître car elles brillent dans la nuit et se déplacent à vive allure, on les appelle étoiles filantes.

 

Omar et Bernadette, continuant leur épopée, croisaient de plus en plus d'étoiles et ne se lassaient pas d'admirer leur grâce et leurs couleurs chatoyantes. Le paysage changeait également, il y avait à présent plus de rochers, des algues ondulantes, des anémones rougeoyantes, ce qui ne faisait qu'accroitre l'émerveillement de nos deux crustacés.

 

Bientôt, la raie vacilla.

-J'ai besoin de faire le plein, leur dit elle.

Ils se dirigèrent vers la ville la plus proche. « Bienvenue à hippocampeville » annonçaient les poissons panneaux postés à l'entrée de la ville. La ville était construite dans une forêt de posidonie, plante aux longues tiges vertes et fines dans lesquelles les hippocampes aiment se nicher et construire leurs maisons. Il y avait aussi des milliers de petites lanternes qui scintillaient et oscillaient parmi les habitations.

-Des noctiluca! S'exclama Bernadette, comme c'est beau!

Les noctiluca, appelées aussi lucioles des mers, étaient responsables de l'éclairage public d'hippocampeville. Elles étaient si minuscules, qu'il est impossible d'en voir une à l'œil nu, mais en se regroupant, elles diffusaient une lumière douce et apaisante.

 

Suivant la lumière, la raie arriva bientôt à un rocher scintillant où la fête battait son plein.

« Taverne de l'espadon » purent-ils lire sur les poissons panneaux.

Un poisson au nez pointu s'approcha d'eux:

-Salutations chers voyageurs, je suis Edmond l'espadon. Je fais le plein de votre véhicule?

Prononçant ses mots, Edmond conduisit la raie jusqu'aux pompes à plancton.

-Avec un moteur à hyperpropulsion comme celui ci, je vous recommande le super plancton. Il est ramassé du jour et garanti sans plomb, c'est de la première qualité!

 

Pendant que la raie manta dégustait une bonne rasade de plancton, Omar et Bernadette partirent visiter les environs. Ils aimaient se promener parmi les algues et les plantes posidonies, c'était très différent de chez eux et tellement reposant! Bientôt, ils s'abritèrent dans un rocher mousseux et décidèrent d'y passer la nuit.

 

Au petit matin, ils furent réveillés par de petits gloussements et hoquettements qui provenaient de l'entrée de leur abri. Intriguée Bernadette décida de se diriger vers ce bruit étrange.

Quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu'elle découvrit la source de ces perturbations, recroquevillée et sanglotante. C'était une petite étoile de mer à poils mauves qui s'était réfugiée là et pleurait à chaudes larmes. La langouste s'approcha d'elle doucement, l'étoile la regardait avec de grands yeux désespérés.

-Je m'appelle Estrella, dit-elle entre deux sanglots, je me suis faite attaquer par un crabe enragé qui m'a coupé une branche.

 

Bernadette put observer qu'il ne restait plus que quatre branches intactes à cette petite étoile velue, la cinquième avait été sectionnée de moitié.

-Ma branche va repousser, dit la petite Estrella, mais je devais me rendre au temple sacré de la grande étoile, et sans ma cinquième branche, je n'arriverai jamais à nager à temps pour la cérémonie de l'illumination.

 

etoile-de-mer.jpgBernadette, émue, se dit qu'il serait bien d'aider cette petite étoile. Elle était très compatissante, pour une langouste, et toujours prête à venir en aide aux habitants de la mer en détresse. Tendant doucement la pince à l'étoile de mer pour l'aider à se relever et veillant à ne pas lui faire de mal, elle la conduisit jusqu'à la taverne de l'espadon où Oscar et la raie manta l'attendaient.

-Je vous présente Estrella, dit-elle à ses deux amis, elle va voyager avec nous.

Elle leur expliqua la détresse de sa nouvelle amie et proposa de la conduire jusqu'au temple sacré de Juanita Bautista pour qu'elle puisse assister à la cérémonie.

 

-Je suis restée longtemps ici sans pouvoir bouger, leur dit Estrella. La cérémonie est dans deux marées, nous devons faire vite!

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1 septembre 2010 3 01 /09 /septembre /2010 14:59

Ainsi, la raie manta, accueillant une nouvelle passagère, reprit sa route en direction de Juanita Bautista.

-Plein gaz! S'écria Oscar en faisant vrombir l'hyperpropulsion de la raie manta. C'est le moment de nous montrer ce que tu as dans le ventre!

 

La raie, toute heureuse accéléra. Avant de décider de faire carrière comme véhicule elle était championne de sprint desraie-manta-klara.jpg mers . Elle avait été maintes fois récompensée au jeux mer-lympiques. A la fin de sa carrière, elle avait décidé de mettre ses talents au service d'un particulier et se faire adopter comme moyen de transport. C'est ainsi qu'elle rencontra Oscar: il s'était rendu au salon de l'océano-mobile pour un nouveau véhicule. Le dernier moyen de transport d'Oscar était une sardine, que ses parents lui avaient offert après l'obtention de son permis de naviguer. Ce vieux tacot lui avait bien servi, mais, désormais, il voyait les choses en grand et avait des rêves de voyage et de vitesse. Lorsqu'Oscar et la raie se rencontrèrent, ils surent tout de suite qu'ils étaient fait l'un pour l'autre, ils s'entendaient à merveille et ils savaient qu'ils prendraient bien soin l'un de l'autre. Repartant avec son nouveau compagnon, la raie manta était loin d'imaginer qu'elle débuterait son service par une si palpitante aventure...

 

La raie fut interrompue dans sa rêverie par un cri sur son dos:

-Attention! S'écria Bernadette.

Face à eux, se trouvait désormais un requin tigre qui leur barrait la route. Les regardant avec des yeux injectés de sang, il restait sans bouger. Sur le dos de la raie manta, les voyageurs ne savaient pas quoi faire. Bernadette, tétanisée s'accrocha au dos de la raie manta, Oscar, courageux, cherchait une solution pour sortir de cette mauvaise situation. Quand à Estrella, on l'entendit pousser un long cri strident, puis elle s'évanouit. Bernadette se précipita à son secours.

-C'est entre toi et moi, requin! Murmura la raie.

Prononçant ces mots elle démarra en trombe et effectua une série de figures acrobatiques dignes des plus grands cascadeurs. Elle tenterait ainsi d'échapper à son prédateur.

 

Non loin de là, un couple d'escargots des mers observait. Ne sachant pas ce qui se passait réellement, ils commentaient la scène.

-Triple boucle piqué, salto arrière, double flip, quadruple axel, arabesque... Quelle élégance, cette raie manta tout de même!

 

La raie, était toujours poursuivie par son assaillant, tant bien que mal, elle réussissait à le semer, mais il finissait toujours par la rattraper. Sur son dos, les passagers s'accrochaient fortement, le souffle coupé.

-Accrochez vous! Leur dit la raie manta, entamant un virage serré.

Sans le savoir, elle se précipita directement sur son adversaire, qui profitant de cette proximité ouvrit la bouche et la mordit un grand coup...

 

C'était sans compter sur Oscar, qui, se souvenant d'une prise d'aïkido-poulpe qu'il avait apprise auprès d'un habitant de son exploitation, se précipita sur le dos du requin et lui immobilisa d'un coup les deux nageoires. Le requin, lâchant sa proie, tomba aussitôt inanimé sur le sol.

-L'immobilisation des nageoires pectorales, rend le requin tigre catatonique, expliqua-t-il. Nous devons partir au plus vite avant qu'il ne se réveille.

 

La raie manta, blessée, se laissa trainer par son ami le homard jusqu'au récif le plus proche. Là, ils se cachèrent. Elle était bien mal en point.

-Il faut trouver un poisson papillon pour la soigner, dit Bernadette, ce sont des spécialiste des morsures de requin sur les raies.

Aussitôt dit, aussitôt fait! Oscar se mit en route pour le village le plus proche. Chemin faisant, il rencontra le couple d'escargot des mers qui les avait observés.

-Vous avez manqué un beau spectacle, lui dit Jojo l'escargot, une raie manta vient d'effectuer sous nos yeux le plus beau spectacle acrobatique jamais réalisé.

-C'était vraiment romantique, répliqua sa femme Josette en regardant Oscar.

Oscar leur raconta alors leur expédition vers Juanita Bautista, l'attaque du requin tigre et leur recherche de soins pour la raie manta.

-Vous avez de la chance, s'exclama Jojo, notre maire vient justement d'ouvrir un dispensaire dans le village. On y trouve les meilleurs soins de toute la vallée.

 

Ainsi, la raie manta fut conduite au dispensaire du village. Un poisson chirurgien la reçut immédiatement.

-Son état nécessite une opération d'urgence, dit-il à Oscar. Ses jours ne seront pas en danger si nous opérons tout de suite.

Oscar donna son autorisation et les soins de la raie commencèrent. Après l'opération, ils rencontrèrent un poisson papillon.

-Je vais vous remettre votre véhicule sur pieds en un rien de temps, leur dit-il. Je suis un ancien mécanicien de courses raies-mobiles. J'ai travaillé pour le célèbre Shumaray, champion du monde de formule-raie-manta il y a quelques années.

 

Boupette.gif

Le poisson papillon fit appel à une équipe de techniciens chevronnés. Ils n'étaient pas moins de six à son chevet. L'un nettoyait les plaies, un autre préparait des cataplasmes d'algues médicinales, les suivants s'occupaient de lui faire des massages, de l'acuponcture, de faire reluire la carrosserie, de réviser et perfectionner le moteur...

Jamais la raie manta n'avait reçu autant d'attention, même lorsqu'elle était athlète. Entre les mains expertes de ses soigneurs, elle s'endormit.

 

A son réveil, elle se trouvait au milieu d'une clairière d'anémones et se sentait pleinement apaisée. Oscar, Bernadette et Estrella se trouvaient à son chevet. Le poisson papillon s'adressa à elle.

-Tu es désormais en état de service, chérie, tu vas pouvoir rouler comme un bolide. Mon équipe t'a apporté des modifications pour améliorer tes performances. A présent, tu peux faire pâlir d'envie les plus grands pilotes de course.

-Nous avons également ajouté une carlingue anti-requins, lui dit un autre technicien, ainsi tu seras à l'abri de nouvelles morsures.

 

Jojo et Josette les escargots, invitèrent notre troupe de voyageurs à passer la nuit dans leur demeure. Ils leurs servirent un merveilleux festin et du plancton tout frais pour la raie manta. Tous se régalèrent et passèrent une très bonne soirée. Le couple mettait une ambiance du tonnerre, Jojo jouait de l'accordéon de mer comme personne et Josette dansait merveilleusement l'océano-polca. Après la soirée, Jojo et Josette les installèrent dans bon nid d'éponges de mer où ils dormiraient paisiblement.

 

Nos compères voyageurs reprirent la route au petit matin, soulagés de l'issue positive de cette aventure. La raie, encore un peu fatiguée, était en bonne santé. Sa nageoire ne lui faisait plus mal, les algues médicinales avaient été d'une grande efficacité. Elle disposait également à présent d'une propulsion et d'une carrosserie améliorée, elle se sentait revivre. Accélérant un grand coup, elle s'enfonça dans les profondeurs de la mer.

 

Le temple sacré de Juanita Bautista se trouvait près de la côte tropicale atlantique. Il restait encore beaucoup de chemin à parcourir et il n'y avait désormais plus qu'une marée avant que la cérémonie de l'illumination commence. Elle choisit d'emprunter un courant marin qui les conduirait plus rapidement à destination.

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Présentation

Il était une fois... un autre monde dans lequel habitaient des histoires magiques.  Ces histoires venaient me chatouiller les oreilles, ne demandant qu'à prendre vie et rendre visite aux habitants de ce monde.

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